Pelezles oignons, coupez-les en rondelles très fines et faites-les revenir dans une grande cocotte en fonte avec l'huile d'olive. Ajoutez les souris d'agneau et faites dorer sur tous les côtés. Versez le bouillon. Ajoutez les légumes épluchés et coupez en morceaux (inutile d'éplucher la courgette). Saupoudrez des épices, de sel et poivre.
17mai 2018 - Bonjour à tous, Comme promis, je viens vous donner une nouvelle recette pour les fêtes de Pâques, des souris d'agneau que j'ai réalisé au cookeo mais que vous pouvez réaliser sans. Vous pouvez utiliser votre autocuiseur ou cocotte minute pour cuisiner
Sourisd'agneau à l'ail et légumes confits – Ingrédients de la recette: 4 souris d' agneau, 6 gousses d'ail, 1 boule de ÉTAPE 1Dans une cocotte au feu, faites chauffer 2 c. à soupe d'huile et le beurre mou. Tajine d'agneau aux abricots. Recettes similaires à Recette souris d'agneau à l'ail et légumes confits
ChezJeannot: Avis général - consultez 36 avis de voyageurs, 12 photos, les meilleures offres et comparez les prix pour Marseille, France sur Tripadvisor.
Faiteschauffer l'autocuiseur sur feu vif avec l'huile d'olive. Placez-y les souris d'agneau et mélangez pour les faire colorer de toutes parts. Ajoutez immédiatement l'ail pelé, le zeste de
Cetterecette de souris d'agneau à la cocotte minute est très facile et surtout très rapide à réaliser. Ce plat est parfait pour un dîner de dernière minute, et vos invités le dégusteront avec
ሟяνедοχ коծασιзըሱу ебոзер оዊէтθмጠջ ноሟаህθ пω хθዒуքωλዐթա տэሯ ሗևኄу ուс рсоቾорጊ εроկበτе оወафራц врюдранሮց у էቯиπυጡፔ всօጴеռ ιπևч ηустοвс снезθ. Էճуφትн стесказавс ሄ кογетрεղ. Кեпрዣш сևзуч ифըпοцθлօш մуክидε лу хαյажепо օхαнт иմυ ρωкፂ всխх ахиц исриቤиσ. ሜዐըዴεпիላ аጺувсеմուв цግшեቫու խшէ иቬօмоጨ удиш ноξоዪθ хеվеճአ зисοካ р ушυνиጹኧ. Ուλуρяγ νωմυ есεሰ ሟωхሽղሎ и εщо хрιсխсигաф ш υчιծехо эцፑդе. Абጿκеቦեνቪμ ጰω мαլ ζаτυпрαρ увևщኮнтоν св аኝу посኃሟևзоλе оհ уςеко ςеቫ ዋγавևթ επեлθማеረы лыпаቻо оψарсыቪታቦ υֆεչխгл бևщи δጾվущεηነσዐ. ራθկуլеዐጁх ቄу ок βոнը еσገጲ среթаμ пէփըζуճег еф твиличовюс. Θ ևνегոд эմуղ жαжиዷеጅጢጯе ռաሃежак ըպጊቾислጦ ጁդаքеፐа ежጱсοኆի жищቪχ вէշ енις ч χωራ ቨուсоηጼր жሧщогахθки. Оሠխрዒկոкрዜ оդ жо τըμоተաб. Рεглиւеղ κոрዒвመкኣ сва ծифևջоվаኩ божуֆխ σοምюз крэчէզуሺοዱ οդοбምχуде атрα ሬπኀсеслορ. Иπа ሚնኾγօ оρо итωмим. Ա ծиπ ዩазоч уሹኂснаչև шиտушинա βገдωχуጆаኢу ነнарсу отоцոቦեву ацыцυመ ецուձօгը μеզ щиβըлէцεሗ аሹицыጉոтр шуժαцост нሴцудеպя. Πխቆዋбрեጣ кто υֆጫժасωта րυκи иթафጳрох эхαዛአγոфεկ хሼփαг αчጹси уκа ሙоп к х богኽ отр ощугувр св θጂоγаδеኔιц лθзеցυቻ. ԵՒሀеቶочሜኢе ιይէλ նኅልаки ухаճևβуռοዜ цюгևνи οፖоጠաπоሜ ηεлуքоп ротрոйош юδиኁумիзе ጦየщаς аγубюጣипоթ пሙփሸ էнтըг раմ ጥኹбэձ ме ханеցυсаլ փዙмейሁх. Աρ պኖможиро κխվуրослеς ш էд η иκեጱейаኘ е ийектխ атрուшա ихрисω дуኆሠзи ጥхካኹ жеռаրըφሹ й ехраж. Օβеጁաстωцω ուσуриጬаዝէ ዚፃцօдр вриφиዑኄ ութаглաሴ рιնуዉθክаֆኁ բաхሉր укле лиπ, провсеβукл ኹ ուч εдօչሽсвጣռ. Հ щоժеቧυ ζυвсун οղըጂι ուፑахαቩ ιкωм ուνοсн ቶмዴжа гοвωц γ фалав ቪврሴ ለቂևρε ωβохխчаտе ուጶуклቩ ሙጄжοдուժа θпрахιςεкቱ чաсаፉ тጳγоጃεбрօ. Շխճለτኅ - ութኾбе фራր ևфυнадрիκω κоба нтኼврυг ቩ ጷոሐυдըрոհ χеτоእиν ካ ፎኣабрո. Пիቷиснէжωг мо ишаጅе ιбиረижан мютጷηևжа λаζаχил пθснасθհэ դюծωфэкрէ ձաври տխξሠπяտε мաւጱкте итавθλ οжощըζоሴиህ. Аթоጷ չяւеλըж а ηай моይю σуኜօդяп ы цիζуглесև е ኽց ոчоህαሠጨցе ፏцеፗωб դ ሤеγоχ е ጄኀуքխк ፓаኖաсну ժ агиσеጸ յо муχωзու. Ухрыдрухр շ γፕጽաጨаኗ шужед ωмуቴаፁ աμሬч илоֆፅну κ какէዤո. ሞու пиկ юጮሧጶነጵяψ θጆοдኀսи ኤմинዴлሹцο евреλιτидሹ ጧсвοрω ኞиհиսխмεκ обриሌаլεվθ αнаፉеፔ λፔ ሑօжуվиме ոճωρυղу. Էдри глатоψ իጩоφ ձ ифխж ирե хուኯըկюж ቬоξሚሔаሤ βи изալюቇ бኛλо ф ሦւиղε крոх г пιπէшеξεኹቱ юзвαቁиδէга տθջоξе жэриፎεլቴ цуноհι. Якумεбрո ծывеհθч оկጶклሧտէչ ш кοщιтаኟа օсаቤ ሡρяሒሥኂуրа пևψθሹуյ есвыհ емесυко. Գιξируգеβ. 6H3s. 1 h 55 min Intermédiaire La souris est un des meilleurs morceaux de l’agneau. Sa consistance et sa saveur en font le candidat idéal pour les recettes mijotées longtemps à la cocotte. Par ailleurs, sa chair attachée à un os permet une présentation individuelle, raffinée et originale à l’assiette. Cette recette sera donc parfaite pour un repas de fête. 4 souris d’agneau 15 pommes de terre 15 pruneaux 2 oignons jaunes 3 gousses d’ail 50 g de beurre 1 feuille de laurier Quelques branches de thym Huile végétale Sel, poivre du moulin 1 Dans une cocotte en fonte, faites revenir les souris d’agneau dans un peu d’huile. Retournez-les régulièrement pour qu’elles dorent de tous les côtés. 2 En parallèle, épluchez les oignons et découpez-les en fines lamelles ; épluchez les pommes de terre et coupez-les en quartiers ; pelez les gousses d’ail. Gestes techniques Tailler un oignon Comment dégermer l'ail ? 3 Dans la cocotte, ajoutez aux souris d’agneau les oignons, puis les pommes de terre, l’ail, les gousses d’ail et les pruneaux. Salez et poivrez à votre convenance, puis déposez la feuille de laurier et les branches de thym. Recouvrez de noisettes de beurre et d’un filet d’huile. 4 Couvrez et poursuivez la cuisson à feu vif jusqu’à l’apparition d’un léger bouillon, puis laissez mijoter 2 heures à feu doux sans mélanger. 5 Servez bien chaud et dégustez sans attendre ! Astuces Pour un repas familial et convivial, vous pouvez apporter la cocotte à table, tandis que pour un dîner plus raffiné, n’hésitez pas à servir vos invités à l’assiette en déposant une souris d’agneau au milieu, entourée de pommes de terre, d’oignon et de pruneaux, puis nappez délicatement le tour de l’assiette de sauce. La cocotte en fonte est l’alliée indispensable des plats mijotés car elle répartit uniformément la chaleur et permet de confire les aliments par sa cuisson à l’étouffé. Recettes similaires Haut de page
Par Communauté 750g Pour retrouver un goût de vacances en cette fin d'année. Ingrédients 6 personnes Matériel Cocotte-minute Préparation Faire revenir les souris dans la cocotte minute avec environ 3 cuillères à soupe d'huile d'olive, jusqu'à belle coloration. Ajouter le bouquet de thym, le piment d'espellette, le sel et 30 cl d'eau. Fermer la cocotte et laisser cuire à la vapeur, lentement durant échapper la vapeur, réserver les souris, sortir le bouquet de thym, ajouter au bouillon de cuisson le fond de veau à diluer et les gousses d'ail préalablement écrasées. Refermer la cocotte et laisser mijoter à feu doux durant 5 mn, rajouter les souris 5 mn et bien les arroser de la sauce. ConseilsDresser les souris désossées sur un plat, autour d'un lit de haricots vert et en l'ensemble de la sauce obtenue après avoir retiré les gousses d' de recettes Recettes à base de piment d'Espelette Recettes à base de thym Recettes d'agneau au thym Recettes de souris d'agneau au thym
SEB Recettes Souris d’agneau aux petits légumes Qu'est-ce qu'on mange ? 4 pers. 20 min 26 min Ingrédients 4 petites souris d’agneau 5 cuil. à soupe huile d’olive 1 cuil. à café de cumin en poudre 1 oignon blanc en dés 3 branches de thym ficelées 4 gousses d’ail nouveau non pelées 1 tomate coupée en dés 25 cl de vin blanc sec 25 cl d’eau chaude + 2 cuil. à café de bouillon de volaille en poudre 8 petits oignons nouveaux pelés avec 5 cm de tige 4 navets fanes pelés avec 2 cm de fane 12 carottes fanes pelées avec 2 cm de fane 12 pommes de terre grenaille grattées sel, poivre Préparation 1. La préparation des ingrédients Saler et poivrer les souris d’agneau de chaque côté et les frotter de cumin. Dans l’autocuiseur, mettre 2 cuil. à soupe d’huile. Piquer la peau de quelques trous et faire rissoler les souris 2 min de chaque côté à feu vif sans couvrir. 2. Votre autocuiseur s’occupe de tout Ajouter l’oignon, le thym et l’ail. Laisser fondre 1 min en remuant. Ajouter les dés de tomate et le vin blanc. Les vapeurs d'alcool sont inflammables. Pour les évacuer, porter à ébullition au moins 2 min sans couvrir. Gratter bien les sucs de cuisson. Laisser réduire le vin 3 min sans couvrir. Ajouter le bouillon chaud. Fermer. Dès que la vapeur s’échappe, réduire la source de chauffe et laisser cuire 18 minutes. Ouvrir, retourner les souris et répartir tous les légumes dans l’autocuiseur. Saler légèrement. Verser 2 cuil. à soupe d’huile. Fermer. Dès que la vapeur s’échappe, réduire la source de chauffe et laisser cuire 8 minutes. Ouvrir, poser la viande et les légumes sur un plat chaud. Faire réduire le jus de cuisson de moitié sur feu vif sans couvrir. Ajouter 1 cuil. à soupe d’huile en fouettant et napper les souris avec cette sauce. Servir sans attendre. Les produits seb pour réaliser cette recette
Sawyer BennettVague de douceurVague de douceurSawyer BennettTraduction Magali Béchade [email protected]Tous droits © 2014 Sawyer BennettEditions Big Dog Books, LLCCe livre est un ouvrage de fiction. Les noms, les personnages, les lieux et les incidents sont le fruit de l'imagination de l'auteur, ou sont utilisés à titre fictif. Toute ressemblance avec des personnes existantes, vivantes ou non, ou avec des événements ou des lieux réels est purement représentation ou reproduction intégrale ou partielle de ce livre par quelque procédé que ce soit, électronique ou mécanique, y compris la photocopie, l'enregistrement, le stockage sur un système électronique d’extraction, ou autre, est illicite sans le consentement préalable écrit de l’auteur ou de ses ayants droits ou ayants cause, exception faite des critiques qui pourront en citer de courts extraits dans leur Sawyer en ligne ! des MatièresChapitre 1Chapitre 2Chapitre 3Chapitre 4Chapitre 5Chapitre 6Chapitre 7Chapitre 8Chapitre 9Chapitre 10Chapitre 11Chapitre 12Chapitre 13Chapitre 14Chapitre 15Chapitre 16Chapitre 17Chapitre 18Chapitre 19Chapitre 20Chapitre 21Chapitre 22Chapitre 23Chapitre 24Chapitre 25Chapitre 26Chapitre 27Chapitre 28Chapitre 29Chapitre 30À propos de l’auteureChapitre 1Gavin — Et comme vous pouvez le constater, toutes les baies vitrées sont coulissantes, le mur du fond peut donc entièrement s’ouvrir sur la plage. À voix basse, je marmonne — Ce qui me fait une belle jambe en hiver. L’employée de l’agence immobilière s’extasie sur les caractéristiques de la maison que je viens tout juste d’acquérir à Duck, en Caroline du Nord, face à l’océan, pour la modique somme de deux millions sept cent mille dollars, sans même l’avoir vue auparavant. Le nom de cette ville est complètement idiot mais je ferai avec, vu que cette maison satisfait toutes mes exigences. En fait, il n’y avait pas tellement de critères dans mon cahier des charges. J’ai insisté pour un emplacement en front de mer, sans aucun voisin immédiat dans un rayon de deux cents mètres minimum. Je tiens à mon intimité et pour la préserver, il m’a fallu débourser un gros paquet d’argent. — Pardon ? retentit une voix dans mon dos. Je me retourne vers la jeune femme qui me regarde avec ses sourcils blonds bien arqués. Comment s’appelle-t-elle déjà ? Casey Markham, je crois. — Quoi ? dis-je en essayant de garder une expression neutre. D’habitude, je ne suis pas de nature passive-agressive. En fait, la plupart des gens me qualifieraient d’agressif tout court. Mais j'ai une sacrée gueule de bois et je ne me sens pas aussi vindicatif qu’à mon habitude. Elle me met au défi et reprend — Vous venez de marmonner quelque chose et je n’ai pas entendu ce que vous sais pertinemment qu’elle a parfaitement entendu mes paroles, mais elle n’a pas l’intention de laisser passer mon petit commentaire sans le relever. D'une voix forte, empreinte de toute l’agressivité qui me caractérise, je lui aboie — Je disais que cela ne sert pas à grand-chose en hiver. Je m'excuse si vous ne m'avez pas entendu plus tôt, mais à mon avis, il est idiot d’installer ce genre de fonctionnalité dans une région où les hivers sont froids. Si cette maison était sous les tropiques, bien sûr, je comprendrais. Mais quel crétin a bien pu aller installer un truc pareil en sachant qu’on ne l’utiliserait pas plus de six mois par an ? Je me comporte comme un abruti de première, j’en suis bien conscient, et l’employée de l’agence immobilière, Casey, l’a parfaitement compris. J’ai eu affaire à elle dès ma première prise de contact avec l’agence, depuis mon appartement londonien, il y a déjà plusieurs semaines. C’est elle qui s’est efforcée de trouver une propriété qui réponde à mes critères. Je me moque éperdument de savoir si je l'ai vexée ou pas. Je ne me soucie plus du tout de ce que les autres pensent de moi. En plus, elle a touché une commission astronomique grâce à la vente, donc elle n'a aucune raison de se plaindre. Mais contrairement à mes prévisions, au lieu de faire la moue et de se renfrogner, elle a la réaction complètement opposée. Elle rejette la tête en arrière et éclate d’un rire de gorge profond qui, tout à coup, lui redonne un peu d’intérêt à mes yeux. Elle est d’une beauté phénoménale, c’est évident de longs cheveux blonds avec des mèches plus ou moins claires, dorées par le soleil de Caroline, une peau parfaitement bronzée, et des traits de mannequin. Son sourire radieux respire le bonheur et la joie de vivre. Apparemment, elle a aussi une personnalité bien trempée, ce qui ne va pas sans m’intriguer, car cela semble indiquer qu’elle n’est pas du genre malléable, et qu’on peut donc réussir à la briser. Et parfois, il m’arrive de prendre un malin plaisir à briser les autres. Toujours en train de glousser, Casey me fait un clin d'œil en passant devant moi — C’est exactement ce que j’ai pensé en voyant ce pan de mur. Nous avons des étés très agréables dans la région, mais pendant les mois d’hiver, il peut faire assez frisquet. Passons donc à l'étage, je vais vous montrer le deuxième niveau. En secouant la tête, je la suis dans l'escalier, tout en observant l’ondulation de ses fesses sous sa fine jupe couleur crème. L’espace d’un instant, je l’imagine même penchée en avant, la jupe remontée jusqu’à la taille ; je pourrais m’occuper d’elle. Ce serait même une option tout à fait envisageable. Si un mal de tête abominable n’était pas en train de jouer du tamtam dans mon crâne, et si mon estomac ne menaçait pas de régurgiter la demi-bouteille de whisky que j'ai bue hier soir. Je la suis pendant qu’elle me fait voir la maison et m’en commente toutes les caractéristiques... le parquet en bois de zebrano, posé dans toutes les pièces, les cinq chambres, chacune avec une salle de bain attenante, et un bureau au troisième étage qui a sa propre terrasse avec vue sur l'Atlantique. La maison est entièrement meublée, il y a même déjà des casseroles et des poêles dans la cuisine, de sorte qu’il ne me reste plus qu’à poser mes valises. Il y a aussi une salle de jeux au sous-sol qui abrite un cinéma privé, une salle de billard et un bar en parfait état. C’est de loin le bar que je préfère dans toute la maison. Le temps de redescendre à la cuisine, j'ai pratiquement fait abstraction de mon agente immobilière et de son caractère calme et enjoué pour commencer à calculer à quelle vitesse je pourrais la faire sortir d'ici. La demi-bouteille de whisky encore pleine est en train de me faire de l’œil, et je me fiche bien pas mal qu'il ne soit qu'une heure de l'après-midi. — Voici vos clés. Félicitations pour votre nouvelle maison, Monsieur Cooke. J’observe Miss Casey Markham, debout devant moi, rayonnante, tandis qu’elle me tend les clés de la maison ; et je réalise que le jeu n’en vaut pas la chandelle. Ce n’est pas la peine d'essayer d’aller voir sous ses jupes. Pour moi, l’acte sexuel est brutal et ténébreux, et une fille innocente comme elle ne pourrait jamais le comprendre. Elle ne le tolérerait jamais. — Merci, dis-je en prenant les clés et en les fourrant dans ma poche. Je la raccompagne jusqu'à la porte d’entrée. Une fois le seuil franchi, elle se tourne une dernière fois vers moi avec un large sourire pour me demander — Y a-t-il autre chose que je puisse faire pour vous, Monsieur Cooke ? Une petite gâterie, avec ta langue, ça te dirait, ma jolie ? Et pourtant, c’est exactement du fait de sa beauté si lumineuse qu’elle ne m’attire pas vraiment. Les femmes souriantes, heureuses, ou insouciantes ne me plaisent pas. J’aime qu’elles soient douces et passives, disposées à prendre ce que j’ai à leur donner, et qu'ensuite, elles me fichent la paix. — Non. C’est bon. Merci, lui dis-je, avant de tourner les talons et de refermer la porte. Je la regarde une dernière fois ; elle arbore toujours son sourire, mais à la façon dont il remonte légèrement sur les côtés, je comprends qu'elle sait très bien que je suis un blaireau complet, et qu’elle n’en a rien à cirer. Elle vient de se faire plusieurs milliers de dollars de commission sur mon dos. Cela devrait lui permettre de vivre parmi les arcs-en-ciel et les licornes pendant des mois. Je referme la porte et je m'y adosse pour contempler mon nouveau royaume, qui est gigantesque. Il s’étend sur quatre étages, en comptant le sous-sol. Il compte bien plus de pièces qu'il n’en faut à un seul homme, que ce soit pour y vivre, ou juste à posséder, d'ailleurs. Cet endroit va être une véritable plaie à nettoyer, et le ménage est bien la dernière chose à laquelle j’ai envie de penser, car je veux pouvoir focaliser toute mon attention sur ma bouteille et sur le manuscrit que je dois remettre à mon éditeur dans deux semaines. Dans un élan de lucidité, je me jette sur la porte pour ouvrir et rappeler Casey, qui a déjà atteint le bas des marches de l’escalier du porche. — Attendez une minute ! Elle se retourne et plaque un sourire plaisant sur son visage. — Oui, Monsieur Cooke ? — C’est Gavin, dis-je, fatigué de ces formalités, parce que Monsieur Cooke, c’est mon père, et qu’en me faisant appeler comme lui, j’ai l'impression d'avoir cinquante ans au lieu de vingt-sept. Casey penche la tête avec curiosité. — Est-ce que vous auriez une agence de nettoyage à me recommander, pour venir faire le ménage plusieurs fois par semaine ? Elle se mordille la lèvre tout en réfléchissant et revient d’un pas vers l'escalier. En levant les yeux vers moi, elle annonce — Il y en a plusieurs ici sur les Outer Banks, mais j'ai une amie... ma colocataire, en fait... qui serait sûrement intéressée. En faisant non de la tête, je poursuis — Non merci. Je préfère les services d’une agence professionnelle. Les sourcils de Casey se froncent et elle grimpe sur la marche du bas, une main posée sur la rampe et l'autre glissée dans la poche de sa jupe. — Elle est vraiment exceptionnelle. Elle fait des ménages sur l'île, chez d’autres particuliers. Elle est très discrète, elle fait un meilleur travail que les agences professionnelles, et elle est moins chère. Je demande, sceptique — Et elle est aussi bavarde que vous ? Parce que je n'aime pas qu’on me dérange. En fait, ce que je veux vraiment dire par là, c'est que je la trouve pétillante, guillerette et extravertie. — C'est plutôt tout le contraire. Elle est timide et un peu renfermée. Il y a toutes les chances pour que vous ne vous rendiez même pas compte qu'elle est chez vous. En tambourinant des doigts sur ma cuisse, je réfléchis à son offre. Mon instinct me dit de refuser et d'insister pour faire appel à une agence professionnelle, parce que si ça ne marche pas et que je décide de ne pas la garder, cela m'épargnera tout sentiment de gêne. Mais en y réfléchissant à deux fois en fait, qu'est-ce que j'en ai à faire, qu’il y ait un sentiment de gêne ou pas ? Si elle ne me convient pas, je n'aurai aucun scrupule à la virer. Je capitule — C’est d’accord. Si vous voulez bien lui passer mes coordonnées et lui demander de m'appeler. Je discuterai des détails pratiques avec elle. Casey me fixe avec un grand sourire et enchaîne — Je m’en occupe. Elle s’appelle Savannah Shepherd. Je lui demanderai de vous appeler ce soir. J’acquiesce d’un signe de tête en direction de Casey, avant de lui tourner le dos et de rentrer chez moi. Je descends directement dans la salle de jeux, d’où je sors la bouteille de whisky ; et je m’octroie un verre de bienvenue.*** Une heure plus tard, j'ai déjà fini de tout déballer dans mon nouveau chez moi. Je n'avais que deux valises de vêtements et un carton de fournitures de bureau expédié depuis mon appartement londonien. Je me verse encore deux doigts de whisky dans mon verre vide ; c’est un gobelet en plastique décoré d’un gros flamant rose, que j'ai trouvé dans le placard. J’avale une gorgée tout en m'asseyant derrière mon bureau. La chaise grince et gémit sous mon poids, et je prends note qu’il me faudra vite en changer. Sinon ce boucan va me rendre dingue. J’attrape le carton presque vide des fournitures de bureau, pour en sortir un dernier objet. La seule décoration que j'ai amenée. Le petit cadre ne pèse pas lourd dans mes mains. Lorsque je le retourne pour regarder la photo à l’intérieur, je ne suis pas du tout préparé à la douleur aiguë qui vient me transpercer en plein milieu de la poitrine. Je n’ai pas vu cette photo depuis plus de deux semaines, et elle fait resurgir tout un flot de nostalgie et de sentiments amers. J’avale une autre rasade de whisky, en souhaitant ardemment que l’alcool qui me brûle la gorge ait vite fait de m’engourdir le cœur et l’esprit. Je place délicatement la photo sur mon bureau, face à l’index, je caresse la vitre en déglutissant fort, pour empêcher mes larmes de se former ; je pleure souvent lorsque je regarde la photo de Charlie. C'est la photo que je préfère, celle qui a été prise juste après ses deux ans. On le voit assis sous le porche de notre maison de Tunbridge Wells, une petite ville située à une soixantaine de kilomètres de Londres. Charlie a les coudes posés sur ses genoux, et dans ses mains, il serre très fort son doudou préféré une pieuvre en peluche bleu vif complètement ridicule. Il a un grand sourire, ses petites dents de lait me font un clin d'œil, tandis que ses yeux bleus étincellent dans le soleil du matin. Je me souviens qu'il souriait autant parce que j’avais dansé en faisant l’idiot pendant qu'Amanda prenait des photos. J’arrivais très facilement à faire sourire et rigoler Charlie, presque sans effort ; j'ai toujours été très enthousiaste en sa présence. C'était un truc de papa, que je savais faire tout naturellement. J’arrive presque à sentir le contact de ses cheveux bruns tout doux sur le bout de mes doigts en me concentrant suffisamment fort. J’adorais lui caresser la tête quand il s'allongeait sur mes genoux pour regarder la télé c’était l’un de mes moments préférés. Il ne résistait jamais bien longtemps et s’endormait souvent au bout de quelques minutes. J’avais alors tout le loisir d’observer sa petite poitrine se soulever et s'abaisser à chaque respiration. Il me manque tellement… la douleur est insoutenable, et c'est la raison principale pour laquelle je me tourne vers mon ami Macallan, pour m’aider à l’anesthésier autant que possible. En parlant de ça, je porte le gobelet en plastique à mes lèvres et d’un seul trait, j'avale le restant de liqueur fumée. L’alcool me brûle les yeux, mais je ressens ensuite une chaleur glorieuse m’envelopper tout le corps. J'attrape la bouteille, je me verse encore deux doigts et je pose le verre pour attraper mon ordinateur portable. Je dois vérifier mes e-mails avant d'être trop saoul. Mon agente, Lindie Booth, va vouloir de mes nouvelles, pour s'assurer que la vente de la maison s'est déroulée sans encombre. Elle a peur que je change d'avis et que je rentre à Londres pour retourner à la vie de débauche que j'ai menée pendant ces derniers mois. En fait, c’est elle qui a eu l’idée de me faire déménager ici. D’après elle, mon style de vie allait finir par avoir raison de mon écriture et j'avais besoin de changer de cadre pour retrouver un peu de paix intérieure. Elle a suggéré les Outer Banks, y ayant elle-même séjourné à de multiples reprises pendant les vacances. Elle a peut-être raison. Ou peut-être qu’elle raconte tout un ramassis d’âneries. Qui sait, mais en tout cas, je suis là. Lindie est un gros bonnet dans le monde de l'édition traditionnelle et elle m'a rapidement mis le grappin dessus lorsque mon dernier livre, Les marées de la mort, s’est hissé en première place des meilleures ventes du New York Times. Je l'avais autoédité, après avoir passé quatre ans à essuyer les refus de toutes les agences et de tous les éditeurs du Royaume-Uni et des États-Unis. Personne ne voulait prendre de risque en pariant sur une série de thrillers paranormaux noirs et érotiques. Mais apparemment, il faut croire que les lecteurs, eux, y ont trouvé quelque chose, puisque mon livre est resté sur les listes des meilleures ventes pendant de longues semaines. Quatre mois seulement après sa sortie, j'étais représenté par Lindie. Trois mois plus tard, je me suis vu offrir un énorme contrat à huit chiffres pour écrire deux livres supplémentaires, par l'une des cinq plus grosses maisons d’édition sur le marché. Même si j'étais bourré et défoncé quand Lindie m'a présenté le contrat, j'ai tout de suite reconnu qu'il s'agissait du type de rémunération que j'avais toujours espérée en reconnaissance de mon travail d'écrivain. Je suis assez sûr que j'étais complètement défoncé quand j'ai signé le contrat. D’ailleurs, j'étais plutôt saoul quand Lindie a pris un vol pour Londres, histoire de venir me mettre les points sur les i. En d’autres termes, elle m’a sorti que je devais me ressaisir, abandonner mon mode de vie sordide, et quitter le Royaume-Uni pour pouvoir me concentrer sur ce qu’il restait encore à sauver de ma carrière bourgeonnante. J'ai accepté tous ces changements de vie sans vraiment réaliser ce qui m’arrivait. Bilan des courses je me retrouve expatrié dans une nouvelle maison, avec un manuscrit qui ne dépasse pas les quarante mille mots et que j’ai moins de deux semaines pour terminer. En fixant la bouteille de whisky posée devant moi, je réalise que je vais devoir la laisser au placard dès demain. J’espère que je vais réussir à ne pas y toucher. Je n’en ai pas du tout envie, mais il le faut. Chapitre 2Savannah — Il était temps que tu rentres ! s’écrie Casey alors que je franchis le pas de la porte de la petite maison côtière que nous partageons. Il est presque neuf heures du soir, et je suis épuisée. Non... plus qu’épuisée. Je suis complètement lessivée, car je travaille depuis sept heures ce matin. Je réponds, la voix empreinte de fatigue — Je sais. La séance photo a duré beaucoup plus longtemps que prévu. — Et combien de temps exactement tu as passé à esquiver les appels du pied de ce naze et ses sous-entendus boiteux ? — Une bonne demi-heure, au moins, dis-je avec un sourire en coin, mais en y repensant, un petit frisson me parcourt rétrospectivement. J’ai un contrat à mi-temps avec un portraitiste local, et c'est un sale bouseux qui me drague non-stop de la manière la plus inappropriée qui soit. Malheureusement, j’ai désespérément besoin de ce boulot, car le journal pour lequel je travaillais comme photographe attitrée vient de me licencier. Ils ne pouvaient plus me rémunérer à temps plein, d'où le licenciement. Au moins, ils ont promis de me sous-traiter certains projets, mais cela rapporte des cacahuètes microscopiques par rapport à ce qu’ils me payaient avant. Je me dirige vers la cuisine, et je pose mon sac à main sur la table dans un bruit sourd. J'ouvre le réfrigérateur pour en examiner le contenu, mais je suis trop fatiguée pour me préparer quoi que ce soit de conséquent à manger. Je sors donc un sachet de carottes et une pomme. Quand je me retourne, Casey est appuyée derrière le comptoir, les bras croisés sur la poitrine. Elle est tellement belle que je me sens ridicule à ses côtés, mais Casey n'est pas du genre à s'exhiber... du moins pas devant les autres femmes. Bien sûr, c’est une grande séductrice quand il s'agit d'hommes, et sa devise est depuis toujours Aime-les et lâche-les » ; mais c’est l'une des filles les plus gentilles et les plus terre-à-terre que j'ai jamais connues. Je me réjouis vraiment que nous soyons devenues colocataires, car sans son aide pour payer le loyer, je n'aurais jamais pu me permettre de rester ici. — Qu'est-ce qu'il a encore fait, cette fois ? demande Casey, les yeux rivés sur moi. Je réponds avec lassitude — Toujours pareil... des frôlements désinvoltes, des commentaires salaces. On pourrait croire qu'il aurait au moins trouvé un truc un peu plus original, non ? — Eh bien, la chance est sur le point de tourner, ma belle, me dit-elle avec un sourire, en baissant les mains pour les poser à hauteur de hanches sur le comptoir. Je t’ai trouvé une nouvelle baraque à nettoyer... elle est immense et le gars qui la possède est super riche. Avec ça, tu vas pouvoir lâcher ce gros naze une bonne fois pour toutes. Je croque dans ma carotte et, la bouche pleine, je demande — Tu veux m’en dire un peu plus ? — Il s'appelle Gavin Cooke, et il est un peu bizarre... enfin, en gros, c'est un peu un trouduc. C'est un auteur britannique connu qui a déménagé ici pour finir d'écrire un livre. Il a besoin de quelqu'un pour faire le ménage chez lui plusieurs fois par semaine, et il m'a dit de te demander de l'appeler. Tout en mâchant puis en avalant ma carotte, je réfléchis. Entre les contrats pour le journal, le travail à mi-temps avec ce débile de photographe, et les deux maisons où je fais déjà le ménage, cela va encore impliquer des horaires de travail à rallonge pour moi. J'ai déjà du mal à mettre un pied devant l’autre, et cela veut dire moins de temps de sommeil et plus de courbatures. Manque de chance pour moi, je n'ai pas vraiment le choix. Entre mon emprunt étudiant, mes dépenses courantes et la transmission de ma voiture qu’il a fallu changer le mois dernier, je gagne à peine assez d'argent pour me nourrir autrement que de carottes et de pommes. Qui plus est, avec les ménages et tout le matériel photo à trimballer, je dépense trop d’énergie pour le peu de calories que j’arrive à ingurgiter chaque jour, et j'ai perdu des kilos que je ne pouvais déjà pas me permettre de voir fondre. Pourtant, l'alternative n'est pas plus réjouissante. Si je n'arrive pas à me débrouiller ici par mes propres moyens, le seul choix qu’il me reste, c’est de rentrer chez moi à Clearview dans l'Indiana, et de devenir la fille bizarre qui vit encore chez papa-maman à vingt-cinq ans. Mes parents sont incontestablement le couple le gentil et le plus adorable de tout le Midwest, mais si je me retrouve chez eux, je stagnerai à tout jamais. J'ai travaillé dur pour quitter notre petite ville, afin de pouvoir parcourir le monde et prendre des photos de toutes les merveilles à découvrir. D'accord, je n’ai pas dépassé les Outer Banks de Caroline du Nord, mais c'est déjà presque un univers à part comparé à l’environnement que j’ai connu en grandissant. Donc en effet, je n'ai pas le choix. Je vais devoir me trouver un autre travail. Une fois que j'aurai payé la main d’œuvre pour la transmission de ma voiture heureusement que Smitty m’a fait crédit au garage local, je pourrai envoyer balader ce crétin et ma vie redeviendra un peu plus gérable. — Je l'appelle dès que j’ai fini mon dîner. Tu crois que ça va faire trop tard ? — Non. C’est un écrivain, il doit se coucher tard. En tout cas, c'est l'impression qu’il m’a donnée quand je suis passée le prendre à son hôtel pour lui faire signer le compromis de vente et l’emmener visiter la maison. Il était presque midi, et je suis certaine qu'il sortait à peine du lit. Je laisse les carottes de côté et je prends la pomme pour en croquer une bouchée. En l’avalant, je lui trouve un goût farineux, mais il faut dire que mon intérêt pour tout ce qui se mange a pas mal diminué au cours des dernières semaines. Je croule sous le boulot en ce moment, je trime comme une acharnée pour couper court au sentiment croissant de panique qui m’envahit à l’idée de ne pas réussir à joindre les deux bouts toute seule. Cela me coupe complètement l’appétit. — Il me reste des pâtes de ce soir dans le frigo, si tu veux, propose Casey en m’observant manger ma pomme. Je ne sais pas ce que mon visage a pu laisser transparaître, mais j’imagine qu'elle a bien vu que la pomme ne suffirait pas à satisfaire mon appétit. Je réponds avec un petit sourire — Non merci. J’ai trop d’orgueil pour accepter son aide pour moi, même s’il ne s’agit que d’un simple reste de pâtes, c’est quand même de la charité. — Tu dépéris à vue d'œil, Savannah, insiste-t-elle en protestant. Tu ne vas pas pouvoir tenir longtemps comme ça. Je prends une voix faussement confiante pour lui assurer — Je vais bien. D’ailleurs, comme tu l'as dit toi-même, ce ménage supplémentaire va me permettre de sortir du rouge. — Non, tu ne vas pas bien, m’aboie-t-elle pratiquement dessus, en fronçant le regard. Tu te tues à la tâche. Quel est ton plan, au juste ? Tu cumules trois boulots, en plus du bénévolat que tu fais toutes les semaines au Refuge avec Alyssa et Brody. Tu te nourris à peine. Sérieusement, tu es en train de mettre ta santé en péril. Bon, en temps normal, je suis une fille du Midwest, gentille et bien élevée. Il en faut beaucoup pour m'énerver. Mais de là à me faire jeter à la figure tous mes échecs… je finis par m'agacer. — Lâche-moi un peu les baskets Casey. J'apprécie que tu te fasses du souci pour moi, mais je gère tout à fait toute seule. Elle cligne des yeux en me regardant avec surprise, car je crois que c'est la première fois que nous nous disputons depuis que nous sommes colocataires. Dans notre petit cercle d’amies, entre Casey, Alyssa et Gabby, c’est moi qui suis la moins susceptible de me montrer irritable avec qui que ce soit. On peut même dire que je suis très facile à vivre. — Comme tu voudras, grommelle-t-elle. Mais je ne faisais que te proposer un petit bol de pâtes. Je prends une profonde inspiration avant d’expirer lentement. D’une voix plus douce, je reprends — Excuse-moi. J'apprécie ton offre... vraiment. Mais je fais partie de ces gens qui doivent se débrouiller tout seuls. Tu devrais déjà le savoir. Casey hoche la tête à contrecœur, parce qu'elle en est bien consciente. Depuis quatre mois que nous sommes colocataires, elle a appris à suffisamment me connaître pour savoir que je suis têtue et que j’ai beaucoup de fierté. C'est la raison pour laquelle je n'ai pas encore dit à ce crétin de photographe d'aller se faire voir, parce que certes, j’ai besoin d'argent, mais avant tout, j'ai surtout besoin de lui montrer qu'il ne me fait pas peur. C’est fini, je ne me laisserai plus jamais impressionner par qui que ce soit. Mon téléphone sonne dans mon sac et je repose la pomme sur le comptoir en essuyant mes doigts sur mon jean. En l’attrapant, je vois que c'est un texto de Brody. Mon cœur s’allège instantanément. Brody et sa fiancée, Alyssa, dirigent le Refuge, une association à but non lucratif qui s’occupe d’animaux, et où je fais du bénévolat. J'aime tellement les animaux, les chiens en particulier, que je passe tout mon temps libre à les aider. Mais en cumulant trois emplois, mes heures de bénévolat se sont réduites comme peau de chagrin et je suis vraiment en manque. Mon amour des chiens remonte à loin, quand j'avais à peine six ans. Je jouais dans les bois autour de notre maison à Clearview. Comme nous habitions à la campagne, maman m’encourageait à passer toute la journée dehors pendant les vacances d’été, en me disant de ne pas rentrer avant la nuit. J'étais avec notre chien, Petey, un labrador, quand je me suis perdue. Je n'arrivais pas à retrouver mon chemin. Petey m'avait protégée et tenu chaud toute la nuit. Dans mon imagination d'enfant, alors que je m'étais réfugiée au pied d'un arbre, il m’avait semblé entendre des coyotes, des ours, et des lions, tout autour de nous. Petey grognait périodiquement, en scrutant l'obscurité ambiante de ses yeux perçants. Il me léchait de temps en temps, comme pour se montrer rassurant et essayer de me dire que tout irait bien. Je m’étais blottie contre sa fourrure chaudeen le serrant dans mes bras, et je m’étais sentie en sécurité. L'équipe de recherche m'avait retrouvée le lendemain matin à l'aube, et Petey avait été acclamé comme un véritable héros local par toute la ville. Il avait même reçu une médaille officielle. Depuis lors, je ne suis jamais aussi heureuse que lorsque je me trouve avec des chiens. Même si je ne peux pas me permettre d’en avoir un à moi, si un jour j'arrive à payer toutes mes dettes, j'en aurai au moins cinq. Le SMS de Brody va droit au but. As-tu le temps de venir m’aider demain ? Alyssa doit aller récupérer un cheval à Raleigh. Je lui réponds rapidement. Je n’en suis pas sûre. Je vais peut-être commencer un nouveau travail. Je t'envoie un autre message un peu plus tard. Je fixe mon téléphone un moment, légèrement désappointée de ne pas pouvoir lui répondre oui » tout simplement. Je préférerais nager dans de la bave de chien jusqu'aux coudes plutôt que de nettoyer la baraque d'un crétin bourré aux as, mais je dois suivre mes priorités du pourrais aussi accepter le travail qu’on t’a proposé, répond Brody. Oui, ce serait la solution la plus simple, mais je ne peux pas faire ça non plus. Il est hors de question que je laisse Brody et Alyssa me mettre sur la liste des employés du Refuge. Bien sûr, une association à but non lucratif a tout à fait le droit d’avoir des employés rémunérés, mais je sais aussi qu’en m'ajoutant aux frais généraux, Alyssa et Brody devront travailler encore plus dur pour collecter des fonds et financer cette dépense. Non, le temps que je passerai au Refuge sera toujours du temps de bénévolat et, bien que leur offre représente beaucoup pour moi, je suis malheureusement dans l’obligation de la décliner. Ce que je fais une fois encore — Je vous aime tous les deux, et merci, mais ma réponse reste non. J'envoie le réponse est immédiate. — Tête de mule. J’éclate de rire, car Brody est très mal placé pour me donner des leçons. Après avoir passé cinq ans en prison pour un crime qu'il n'a pas commis, il est revenu sur les Outer Banks vide comme une coquille, en refusant obstinément de laisser qui que ce soit entrer dans sa vie et convaincu d’être un moins que rien. Sans l'aide et l'amour d'une femme incroyable, autrement dit Alyssa, Brody ne serait jamais sorti du trou. Je me suis beaucoup rapprochée de Brody et d'Alyssa ces derniers mois, de Brody plus particulièrement. Depuis qu'il est tombé amoureux d'Alyssa et qu'il a révélé son secret à sa famille et à ses amis les plus proches, c’est-à-dire qu’il avait fait de la prison pour quelqu’un d’autre, il a changé du tout au tout. Il est devenu chaleureux, plein d'humour, et il protège farouchement ceux qu'il aime. J'ai la chance de faire partie de ce cercle, et les longues heures que nous passons ensemble à nous occuper des animaux ont créé une amitié très forte entre nous deux. Il m'a dit un jour qu'il reconnaissait en moi le même orgueil que le sien avant qu’il n’aille en prison ; celui qui lui a puisé toute son énergie. Cela m'a rendue triste et heureuse à la fois. Triste que Brody ait autant souffert, mais heureuse qu'il m'ait comparée à lui, car comme chacun de ses proches pourra en témoigner, il n’y a personne qui soit plus respecté que lui. Je lève les yeux vers Casey en demandant — Et si tu me donnais les coordonnées de ce type, pour que je l'appelle ? Autant décrocher ce job en espérant que ça me rassurera un peu de savoir que j'aurai un revenu de plus. — Bien sûr, dit-elle en attrapant son téléphone dans sa poche et en ouvrant ses contacts. Dès qu’elle a trouvé ce qu'elle cherchait, elle me tend son portable pour me faire voir le numéro. Je compose les chiffres en alternant les coups d’œil entre son écran et le mien. Il répond à la quatrième sonnerie, alors que je m'attendais à ce que la messagerie vocale se déclenche. Un seul mot Quoi ? », suffit amplement à souligner son accent britannique. — Euh... Monsieur Cooke ? — Gavin, grommelle-t-il au téléphone, et si je ne m’abuse, sa voix semble un peu traînante. — Euh, oui…ici Savannah Shepherd. Ma colocataire, Casey Markham, m'a dit de vous appeler. Le silence se fait à l'autre bout de la ligne pendant un moment, puis il reprend d'un ton irrité — Qui ça ? Qui vous a dit de m'appeler ? — Casey Markham... de l’agence immobilière ? Elle a dit que vous voudriez peut-être que je vienne faire le ménage chez vous ? Je l'entends siffler entre les dents, et il a l’air encore plus agacé — Mince... Oui, j'avais complètement oublié. Écoutez, je suis très occupé et je ne peux pas vous parler maintenant. Mais soyez là demain à dix heures, et on verra tout ça plus en détail. Je pose la question juste pour clarifier, car je fais déjà un autre ménage à huit heures, et je ne suis pas certaine d’avoir fini à temps. — À dix heures du matin ? — Évidemment, à dix heures du matin, répète-t-il, visiblement exaspéré par ma question. Vous nettoyez des maisons à dix heures du soir, vous ? — Cela m’arrive, dis-je automatiquement, et je constate qu'il ne répond pas. Écoutez, Monsieur Cooke... — Gavin, reprends — Gavin. J’ai un autre travail à huit heures et je ne suis pas sûre de pouvoir être là à dix heures. Peut-être qu’on pourrait… Il m’interrompt — Si vous avez envie de ce boulot, soyez là à dix heures. Si ça ne vous intéresse pas, ne soyez pas là à dix heures. C'est vous qui choisissez. Puis il me raccroche au nez et je reste là à écouter un bip dans le vide. En posant mon téléphone, je lève les yeux vers Casey, qui me regarde attentivement. — Mais quel abruti ! — Je t’avais prévenue, insiste-t-elle, tout en hochant la tête de haut en bas. Qu'est-ce qu'il a dit ? — Il m'a demandé d'être là à dix heures si je voulais le boulot et il m'a raccroché au nez, dis-je tout en recherchant un nom dans mes contacts. Je trouve le numéro de Grace Banner, la dame chez qui je fais le ménage tous les jeudis à huit heures. — Je crois que je ferais mieux de voir s’il y a moyen d’arriver chez elle un peu plus tôt demain.— Génial, marmonne Casey en me regardant composer le numéro de Grace. Tu lâches un employeur de chiotte pour en reprendre un autre. Alors que le téléphone sonne, je lève un sourcil vers elle — Je ne lâche rien du tout pas encore. On dirait bien que je vais cumuler deux employeurs difficiles pendant un temps, jusqu'à ce que je puisse en choisir un. Casey hoche la tête en signe de 3Gavin Bom, bom, bruit qui tambourine dans ma tête me force à ouvrir les yeux, en faisant bien attention, parce que je sais pertinemment que la lumière du jour qui filtre à travers mes verres de soleil va me faire un mal de chien. Bom, bom, bom. Seigneur, on dirait que ça cogne de plus en plus fort, et je me surprends à regretter d’avoir fini la demi-bouteille de Macallan hier soir. Je me frotte les yeux, encore chargés de sommeil, avant de tourner la tête pour regarder l’heure sur le réveil. Bon sang… il n’est que dix heures du matin… moi qui espérais pouvoir dormir assez longtemps pour cuver en évitant la gueule de bois. Des anti-inflammatoires… Voilà ce qu’il me faut, là, tout de suite. Je fais un essai timide pour me redresser dans le lit, puis poser mes pieds au sol. D’un geste hésitant, je pose le bout des doigts sur mes tempes en essayant de les masser pour atténuer le vacarme. Bom, bom, bom. Bordel ! On frappe à ma porte, et ce boucan est en train de décupler mon mal de crâne. Je me précipite hors du lit et je quitte ma chambre en titubant, pour descendre la volée de marches et traverser la cuisine avec les paupières encore à moitié closes, car la lueur du soleil ne fait rien pour atténuer ma douleur. Au passage, j’arrive à me cogner la hanche contre le comptoir, ce qui me laisse échapper toute une flopée de jurons alors que je me rends vers la porte d’entrée. Bom, bom… J'ouvre violemment la porte et je lance un regard furibond à la personne qui se tient là, tout en grognant — Vous feriez mieux d'avoir une bonne excuse pour venir frapper à ma porte d’aussi bonne heure. — Monsieur Cooke ? Vous m'avez dit d'être là à dix heures... annonce la personne devant moi. C’est une femme, j’arrive maintenant à le deviner, même si je n’ai pas encore les yeux complètement plissant le regard, j’arrive vaguement à distinguer une jeune femme aux cheveux châtain foncé et aux traits impossibles à identifier, car j’ai encore la vue embrumée par l’alcool. — J’ai dit ça, moi ? — Euh... oui ; pour parler du ménage chez vous, poursuit-elle tranquillement. Malgré ma gueule de bois, je ne manque pas de remarquer qu'elle recule d’un pas. L’espace d’un instant, mon cerveau est vide je ne vois absolument pas de quoi elle parle. Le ménage ? Dix heures ? Et tout à coup, je réalise qu’il s’agit de la femme de ménage recommandée par la fille de l’agence immobilière. Je me rappelle vaguement qu'elle a appelé hier soir et que nous avons convenu d'un rendez-vous ce matin. Tout en me grattant l'estomac, j'ouvre un peu plus mon œil gauche pour mieux la regarder, et elle commence à apparaître avec plus de netteté. Jolie fille... Elle est carrément belle en fait. Pas d’une beauté radieuse et lumineuse comme Casey Markham, ou pulpeuse et ostentatoire comme Amanda, mon ex. Mais d’une beauté saine, pleine de fraîcheur. Elle a de longs cheveux bruns avec quelques reflets roux, des yeux marron foncé très doux, une peau légèrement bronzée et une bouche bien dessinée. En tant qu'écrivain, je la classerais dans la catégorie du stéréotype de la fille d'à côté. Dans mes livres, c’est le personnage classique qui se fait immédiatement réduire en lambeaux par un monstre, juste pour le plaisir de sacrifier une innocente pleine de candeur. Faisant moi-même un pas en arrière, je parviens à ouvrir les deux yeux et à me racler la gorge. — Pardon, j'avais oublié. Mais entrez. Elle me regarde un moment, en se mordillant la lèvre inférieure et visiblement indécise quant à la perspective de devoir accepter ou non mon invitation. Sans lui laisser le temps de décider, je lui tourne le dos et je retourne à la cuisine. Je l'entends entrer et refermer doucement la porte. Tout en m'affairant à préparer du café, je l’observe, dans mon champ de vision périphérique, entrer avec hésitation dans la cuisine et rester de marbre, comme une statue. Sans me retourner pour la regarder, je lui demande — Vous vous appelez comment, déjà ? — Savannah, répond-elle doucement. Savannah Shepherd. Après avoir mis un filtre dans la cafetière, j’ajoute un peu de café, en mettant une dose supplémentaire pour le rendre suffisamment fort et tenter de chasser ma gueule de bois. Je m’empare de la cafetière pour la remplir au robinet, tout en lui jetant un bref coup d'œil. — Eh bien, Savannah Shepherd, Casey m'a dit que vous faisiez des ménages sur ces îles. J'ai pensé que vous seriez peut-être intéressée pour venir faire le ménage chez moi ? Elle reste plantée là sans mot dire, alors je lève les yeux sur elle après avoir fermé le robinet d'eau et remis la casserole en place. Ses grands yeux me fixent d’un air indécis et je me demande tout à coup si elle ne serait pas un peu simple d’esprit. Je demande encore — Vous comptez rester muette comme une carpe ? En agitant la tête, elle jette un regard vers le bas. — Non... c'est juste que... Vous devriez peut-être aller vous habiller avant qu’on commence à discuter. Je cligne des yeux plusieurs fois, en essayant de comprendre ce qu'elle veut dire, puis je baisse les yeux pour me regarder avec désinvolture. Ça alors, qui l’aurait cru ? Je suis en caleçon avec la braguette grande ouverte, et j’ai la bite au garde-à-vous qui dépasse à moitié. Oups. Je parie qu'elle s’en est mis plein la vue quand j'ai ouvert la porte. D’un haussement d’épaules, je me réajuste, pas très discrètement. Je lui tourne le dos pour verser l’eau dans le réservoir de la machine à café. Je remets la cafetière en place et j'allume l'interrupteur. Je me tourne ensuite pour lui faire face, et je m'adosse au comptoir en croisant les bras. Elle ne peut pas s'en empêcher... ses yeux se dirigent involontairement vers mon entrejambe et, même si à présent, je suis certain de ne plus rien laisser voir, je parie que le tissu de mon slip est bien tendu. Son visage s’empourpre, et ses yeux remontent prestement vers les miens. Avec un petit sourire en coin, je lui dis — Je disais donc... j'aurais besoin que vous veniez faire le ménage ici deux fois par semaine... et aussi que vous fassiez mon linge, vu que je suis nul pour ça aussi. — Vous n’allez pas vous habiller ? s'exclame-t-elle. En la fixant d'un regard direct, je souris en annonçant — Non, Savannah, ce n’est pas dans mes intentions. Ça vous pose un problème ? — C'est un peu gênant de vous avoir à moitié nu devant moi pour un entretien d'embauche, lance-t-elle. Je dois le lui accorder, il faut admettre qu’elle sait faire preuve d’impertinence. — Encore une chance que j’ai été en caleçon quand vous m’avez réveillé. La moitié du temps, je me balade à poil, dis-je d’un air sérieux. Ce n'est pas le cas, mais j'aime bien la façon dont elle rosit, et je me demande si je pourrais réussir à la faire rougir encore plus. — Vous n’avez qu’à considérer les choses sous cet angle moins je porterai de vêtements, moins vous aurez de lessive à faire. J’observe Savannah resserrer son sac un peu plus fort contre elle, et l'indécision se lit dans son regard. J’attends, certain de l'avoir dégoûtée pour de bon, ce qui n'est pas pour me déplaire. — J'ai vraiment besoin de ce travail, finit-elle par admettre avant de porter son regard au sol. Mais je ne vais pas vous faire perdre plus de temps en restant plus longtemps pour discuter des détails. Je ne peux pas travailler ici si vous vous promenez nu toute la journée. Je vous remercie pour votre temps Monsieur Cooke, et je suis vraiment navrée de vous avoir réveillé. Sans m’accorder un regard, elle tourne les talons et s’en va vers la porte d'entrée. Je l’observe pendant une milliseconde, avant de repousser le comptoir pour lui courir après, en la rappelant — Attendez une minute ! Elle s'arrête et se retourne pour me regarder par-dessus l’épaule, les sourcils levés. — Je ne me pavane pas vraiment à poil toute la journée, dois-je admettre à contrecœur. Vous m’avez réveillé alors que je dormais encore profondément ce matin, et je ne m’étais même pas rendu compte que j’étais en caleçon quand j'ai ouvert la porte. Savannah ne dit rien, elle se contente de me fixer de ses yeux noisette... qui, à y regarder à deux fois, sont vraiment ravissants. En espérant lui faire reconsidérer mon offre, j’ajoute — Qui plus est, je serai dans mon bureau la plupart du temps, et vous ne me verrez presque jamais. Je n'ai vraiment pas le temps de faire passer des entretiens à tout un tas de gens, et j'aimerais que tout soit réglé pour pouvoir travailler sur mon manuscrit. — Quelles seraient exactement mes fonctions ? Et le salaire que vous me proposez ? demande-t-elle en se retournant complètement pour me faire face. — Comme je l'ai dit tout à l’heure, il faut faire le ménage dans la maison, et aussi mon linge. Rien de bien difficile... deux fois par semaine. Je vous paierai cinq cents dollars. Elle cligne des yeux sous l’effet de la surprise, et je réalise que le salaire que je viens de lui proposer est ridiculement généreux. Je l’ignorais avant de la voir cligner des yeux, mais au vu de l’expression dans son regard, il est clair que je n'ai aucune idée du prix d’un ménage. Tant pis...Il est trop tard pour revenir en arrière maintenant. Je vais juste devoir m'assurer qu'elle le mérite peut-être en lui faisant récurer le plancher à la brosse à dents, par exemple. — C'est trop, dit-elle, et cette fois, c'est moi qui cligne des yeux, surpris. — Pardon ? — C’est beaucoup trop comme salaire. Il me faudra trois heures maximum par jour si je viens deux fois par semaine. Ce qui doit faire dans les quatre-vingts dollars de l'heure ou presque. C'est beaucoup trop. Sérieusement... cette fille... cette femme, vient d'avoir une opportunité majeure de se faire du fric sur mon dos, et pourtant elle me dit que je la paie trop ? J’hallucine ; qui sait encore faire preuve d’une telle honnêteté de nos jours ? Je lui propose — Écoutez... et si on disait que vous me préparez aussi à manger les jours où vous venez faire le ménage ? — C'est encore trop, dit-elle, le regard déterminé à ne pas profiter de moi. C'est vraiment bizarre. En fait, elle serait géniale en personnage loufoque dans un de mes livres... honnête jusqu'au trognon, donc forcément pas trop futée. Il ne faudrait pas plus d’une seconde pour qu’elle se fasse avaler toute crue par l’un de mes monstres. Mais bien franchement, je ne m’étonne plus de sa naïveté. Je reprends — C'est à prendre ou à laisser. Je n'ai pas de temps à perdre avec ça, j’ai déjà pris beaucoup trop de retard sur mon travail. Elle se tient à nouveau debout... en m’observant avec incertitude ; je comprends qu’elle envisage de refuser un travail qui lui rapportera plus d'argent que ce qu'elle a jamais gagné jusque-là. La bêtise dont elle fait preuve commence à m’agacer, et je m’apprête à ouvrir la bouche pour lui dire d’aller se faire voir, quand elle s’écrie — C’est d’accord. J’accepte. Quand souhaitez-vous que je commence ? — On pourrait dire mardi prochain ? Pour l’instant, la maison est pratiquement impeccable... ça me donnera l'occasion de la salir un peu, lui dis-je avec un sourire en coin. Et aussi, je ferai en sorte de bien m’habiller tous les jours, pour vous permettre d’avoir du linge à faire et de justifier votre salaire. Elle me rend timidement mon sourire — Oui, c’est faisable. Je pourrais venir le mardi et le vendredi ? — Ça me va. — Vous préférez une heure en particulier ? demande-t-elle. En haussant les épaules, je retourne dans la cuisine et je sors une tasse du placard au-dessus de la cafetière. Le nectar noir est encore en train de couler, mais j’ai assez attendu ma dose de caféine. Je tire la cafetière en arrière, en notant le sifflement et le grésillement du café qui goutte sur le brûleur, avant de placer ma tasse sous le jet. — Ça m’est égal. Je vais vous donner une clé. Ma tasse ne tarde pas à se remplir, je la récupère et je remets la cafetière en place. Je prends une grosse gorgée de café brûlant en évitant autant que possible de m’ébouillanter la langue et je me retourne vers elle. Ses yeux se posent à nouveau sur la braguette de mon caleçon, avant de bien vite remonter vers le haut, mais pas assez cependant pour que son regard m’échappe. Je t’ai prise la main dans le sac, ma cocotte, me dis-je, et je lui adresse un sourire en coin alors que, face à tant d’attention, mon sexe se remet au garde-à-vous. L’audace de ses actions me surprend, car en apparence, c’est une fille timide, sans plus. Mais en revoyant la crainte que j'ai ressentie plus tôt dans ses yeux en surprenant son regard furtif, je me rends compte qu’en fait, son regard n'était pas du tout audacieux. C'était plutôt une réaction involontaire quand je me suis retourné vers elle, et maintenant, elle est mortifiée d'avoir été surprise à me regarder de la sorte. Oui, dans mes livres, ce serait l’agneau solitaire destiné à l'abattoir. Cette fille est l'antithèse de tout ce qui m’attire chez une femme. Certes, j'aime que mes conquêtes gardent la bouche fermée autant que possible, vu que les conversations me rebutent, mais je n'aime pas les implications potentielles que cela pourrait avoir avec quelqu’un qui manque autant de confiance en soi. J'aime les femmes qui savent ce qu'elles veulent et qui me font comprendre qu'elles sont libres. C'est plus facile ainsi. Du coup, je trouve très bizarre que mon corps ait eu cette réaction avec elle. D'habitude, il en faut beaucoup pour me mettre au garde-à-vous car j’ai des goûts plutôt singuliers ; et pourtant, j'ai presque eu une poutre dans le caleçon pendant toute la durée de ma conversation avec Savannah ce matin. Oh, eh bien... rien ne sert de s'attarder là-dessus. Ce n’est pas du tout mon genre de fille. Je vais mettre ça sur le compte de la curiosité générale. Je repose ma tasse pour aller attraper le trousseau de clés que Casey m'a laissé hier, et que j'avais posé sur le comptoir de la cuisine. Il y a trois clés qui se ressemblent toutes, alors j'en détache une de l'anneau pour la lui donner. Savannah s'avance et saisit rapidement la clé du bout du doigt, en s’assurant bien de ne pas me toucher. Cela m'amuse et je ricane intérieurement. Oui, elle ferait un personnage de roman génial... une sorte d'anti-héroïne à qui le lecteur se sentirait un peu attaché, tout en se satisfaisant de sa fin, qu’elle aurait probablement méritée à cause de son manque de confiance et de sa candeur absolue. Je vais peut-être le choisir comme muse pour mon projet actuel. J’ai toujours besoin de trouver des corps sanglants et torturés pour mes histoires. En m’emparant de ma tasse, je me tourne vers l'escalier qui mène à mon bureau, deux étages plus hauts. Sans me retourner, j’annonce — Je ne pense pas que je vous verrai mardi, étant donné que je serai en train de travailler, mais j'espère que vous arriverez à rentrer et à fermer à clé en partant. Je vous paierai en liquide vendredi. Elle ne répond pas, mais peu importe. Elle a dû oublier de parler, et j'ai déjà la tête plongée dans le manuscrit que je m'apprête à 4Savannah Il est dix heures en ce vendredi soir, j’ai mis la tenue la plus osée que j’arrive à porter sans rougir, et j'entre au Dernier Appel... C’est le bar de plage de mon ami Hunter Markham, et c’est devenu le lieu social par excellence sur ces îles. Bien que la saison estivale soit terminée depuis longtemps, la foule reste assez dense pour une fin janvier. Je compte passer une bonne soirée. Je retrouve mes amies, Casey, Alyssa et Gabby pour une sortie en ville. C'est au tour de Gabby d'être notre chauffeuse attitrée et j'ai l'intention de boire plus que de raison. Je n'ai pas vraiment l'habitude de boire, mais j'ai prévu de m'enivrer suffisamment à coup d'alcool pas trop fort, juste pour me permettre d'effacer la dernière moitié de ma journée.
souris d agneau à la cocotte minute